Plume

Une soirée avec mes collègues, et voilà que je gamberge à fond. 

Un de mes collègues a réussi à complètement me chambouler. Moi qui pensais bien gérer mes problèmes perso, il m'a avouer me trouver insupportable depuis 3 semaines. Nous faisons du covoiturage depuis maintenant 6 mois et je ne m'attendais pas à être si transparente. 

" Tu n'es pas heureuse. Profite de la vie. "

Ok. Effectivement, en ce moment, ça ne va pas. Je compte les sous, avec mon Homme c'est la crise, je n'ai pas ni amis, ni famille à proximité. 

Oui je ne suis pas heureuse, oui je me noie dans le travail, mais comment faire autrement ? Comment sortir, m'amuser, avec qui ?

Oui effectivement, il y a des soirées assez régulières avec mes collègues. Mais avec des collègues justement. Comment me "lâcher" ? Ce ne sont pas mes amis, même si je m'entends bien avec eux.

J'ai une image de fille sage, vous le savez, ce n'est pas ce que je suis. Moi, je suis la définition de la fofolle, de la rigolote. Mais dans ma vie privée. Or, actuellement, ma vie privée est inexistante. 

Comment faire bouger les choses ? Je ne sais pas. Apparemment, je n'ai pas la vie d'une fille de 23 ans. C'est très douloureux à entendre, d'autant plus que je reproche à mon Homme d'être immature. Peut-être que ce n'est pas lui le problème en fait, mais moi. Peut-être que c'est moi qui veut grandir trop vite finalement. 

Que dois-je faire ? C'est quoi "être heureuse" ? Quel changement, quel bouleversement dois-je apporter dans ma vie ?

Je viens d'apprendre que je faisais de l'hyperacousie. Je suis hypersensible à certains sons. Merveilleux, je travaille avec un casque toute la journée. Et actuellement, mon travail c'est tout ce que j'ai. 
L'hyperacousie ne se soigne pas vraiment, elle se traite, s'estompe en fonction de "l'hygiène" de vie : stress, fatigue, sport... autant dire qu'en ce moment, c'est plus de l'hyperacousie, c'est la supermégahyperhyperacousie. 

"Arrête de te demander ce que tu dois faire, pense à ce que tu veux faire. "

L'idée est très simple. Mais concrètement ? Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai 23 ans et je n'ai aucune idée de ce que je veux, maintenant. Comment dans ce cas reprocher à mon Homme de ne pas me connaître ?
 

Qu'est ce qu'on attend de la vie, vraiment ? Qu'est ce qu'on attend des autres ?
Comment sait-on qu'on est heureux ? Amoureux ? Satisfait de ce que le présent nous offre ?
Comment sait-on que ce qu'on vit ne nous suffit pas ? Qu'on espère autre chose ?
Qui veut-on être ? A quoi veut-on ressembler ? Vraiment, je veux dire. 

A quel moment est-ce qu'on arrête de pardonner ? D'essayer de trouver des solutions ?
Quand est-ce qu'on est plus capable d'oublier, de passer à autre chose ?
A quel moment est ce qu'on se dit "et si je vivais ma vie autrement" ?
Quelle est la frontière entre l'amour et l'aveuglement ?
Entre le pardon et l'abandon de ses principes ?
Entre la concession et la soumission ?

A partir de combien de kilomètres de distance l'amitié se rompt-elle ?
Existe-t-il une échelle de l'amitié éloignée ?
Est-ce qu'il y a une charte des droits et devoirs en amitié ?
Est-ce parce qu'on ne donne pas de nouvelles souvent qu'on est plus amis ?
Est-ce parce qu'on s'en donne tous les jours qu'on l'est ?
A quoi reconnait-on ses amis ?

Qu'est ce qui vaut le coup dans la vie ?
Quelles sont les choses qui font qu'on se dépasse, qu'on se donne à fond ?
Quel est le meilleur leitmotiv ?
Qu'est ce qui fait qu'on avance, sans se retourner ?
Qu'est ce qui fait qu'on est sûr de ne pas faire d'erreur ?
Quel est le bon choix ?
 

Blasée par le comportement des gens. 

Trop bonne, trop conne, c'est ce qu'on dit, pas vrai ?

Pour le coup, j'ai sacrément été prise pour une conne. Par qui ? Je ne le sais même pas vraiment.

Ce que je sais, c'est que malgré tous mes efforts, on ne peut pas être apprécié par tout le monde. Et que beaucoup de gens sont de terribles faux-culs. Sourires et compliments par devant, langues de vipère par derrière. 

Ca m'apprendra, à vouloir être honnête, franche, transparente, motivée.

La vie, c'est le bal des faux-culs. 

Pour ma part, cette année s'est assez mal terminée. Par un accident de voiture en fait. Ne vous en faites pas, rien de grave. Personne n'a rien eu. Mais quand même. 
Nous étions 5 dans la voiture, je conduisais, en route vers notre lieu de réveillon. Et là, en sortant d'un virage sur une route de campagne, je perds le contrôle du véhicule, qui se met à zigzaguer dans tous les sens. Mon amie hurle. L'Homme, qui voit que je panique, me prend le volant des mains, et le maintient droit. Nous traversons la route et finissons notre course dans un champ, après avoir fait un tour complet sur nous-même.
Personne n'est blessée, pas même la voiture, mais ma confiance en moi en prend un coup. Nous étions 5, j'aurais pu blesser quelqu'un. Je n'arrête pas de faire des cauchemars, où j'imagine qu'une voiture arrive en face, que nous faisons des tonneaux, ou alors que nous tombons dans le fossé qui était quelques mètres plus loin... j'imagine aussi au contraire que je garde mon calme, reprend le contrôle du véhicule et continue calmement notre route. 
Je prends sur moi, mais je me sens très mal. Pourtant, je n'arrive pas à pleurer. J'ai juste la boule au ventre, tout le temps. Il paraît que c'est le choc post-traumatique. J'ai les larmes aux yeux dès que je monte dans ma voiture, j'angoisse dès que je roule à plus de 50 km/h. Et je me sens mal, mais mal... je m'en veux, d'avoir risqué la vie de mes amis et de mon Homme, et de n'avoir pas su gérer la situation. Ni pendant, ni après. C'est l'Homme qui a pensé à mettre les warnings, couper le moteur, appeler ma mère pour qu'elle vienne nous tracter avec sa voiture pour sortir du champ... moi j'étais incapable de penser à quoi que ce soit. Depuis le 31, la seule phrase qui tourne en boucle dans ma tête, c'est : "Mais quelle conne, mais quelle conne, mais quelle conne..."
Je pensais avoir glissé, il s'avère en fait qu'un pneu a crevé. "Ca aurait pu arriver à tout le monde !" Oui, oui, sans doute, mais quand même. Cela ne me fait pas sentir mieux pour autant. 
Alors voilà, pour moi 2012 commence avec l'amer goût de la culpabilité.